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vendredi 2 septembre 2011

« Nous ne pouvons pas taire ce que nous avons vu et entendu… »




         La scène se déroule à Jérusalem, quelques jours après la Pentecôte. Les apôtres Pierre et Jean ont été arrêtés la veille par le chef de la police du Temple, à l’incitation des princes des prêtres, alors que les deux disciples enseignaient au nom de Jésus au sein du peuple, et qu’ils venaient de guérir un paralytique de naissance en son nom. Les deux hommes ont passé la nuit en prison et, au matin, ils comparaissent devant le Grand prêtre Caïphe et les soixante-dix membres du Sanhédrin, la Haute cour d’Israël. 
            Découvrant le franc-parler de Pierre et de Jean, alors que de toute évidence ce ne sont que des hommes du commun sans instruction particulière, les soixante et onze juges de la nation sont dans l’étonnement devant la teneur de leur discours. Force leur est de reconnaître que ces fidèles de Jésus de Nazareth ont une assurance que rien ne déconcerte, et que l’homme qui se tient debout à leur côté et qui clame que ce sont les deux apôtres qui l’ont guéri est bien ce mendiant que tous reconnaissent, puisqu’il y a des années qu’il s’asseyait à l’entrée de la Belle Porte du Temple pour mendier. Un miraculé sur la guérison duquel les chefs de la nation ne trouvent rien à redire, par ailleurs.
Plongés dans l’étonnement et ne sachant trop quelle attitude à adopter face aux deux prévenus, les juges ordonnent donc de les faire sortir du Sanhédrin, afin de délibérer entre eux. « Que ferons-nous de ces gens-là? s’interrogent-ils. Qu’un miracle signalé ait été fait par eux, c’est pour tous les habitants de Jérusalem chose manifeste que nous ne pouvons nier. Mais de crainte que cette contagion ne se répande davantage parmi le peuple, enjoignons-leur avec menaces de ne plus parler en ce nom-là à qui que ce soit. »
            Les deux disciples sont donc rappelés à l’intérieur du tribunal, et on leur défend formellement de parler ou d’enseigner au nom de leur Maître crucifié. Mais Pierre et Jean répliquent : « S’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu, jugez-en, car nous ne pouvons pas, pour notre part, taire ce que nous avons vu et entendu. »

Mais qu’avaient donc vu et entendu du vivant de Jésus, les apôtres Pierre et Jean?
           
Ils avaient vu un charpentier menuisier de Nazareth dont le discours et les prodigieux pouvoirs lui valaient partout l’empressement des foules. Un homme dépouillé dans sa personne et dans son vêtement qui prônait le détachement des richesses et guérissait tous ceux qui étaient tourmentés de quelque mal, maladies ou souffrances diverses, possédés, lunatiques, paralytiques comme galeux du corps et de l’âme. Un mystérieux envoyé du Ciel qui avait les paroles de la vie éternelle et annonçait aux siens que le Royaume des cieux s’était approché d’eux. Aussi les hommes devaient-ils changer de comportement s’ils voulaient en être les héritiers.
Ils avaient vu un pasteur des peuples tout de grâce et de miséricorde dont le cœur n’était que compassion et indulgence pour les femmes de mœurs, un homme fraternel, attentif et délicat qui acceptait l’hospitalité de publicains jugés impurs, faisait fi de la souillure qu’entraînait le coudoiement des païens, appelait Dieu familièrement son Père, remettait les péchés en son nom, osait guérir le jour du Sabbat, et avait tout pouvoir de guérison sur les malades, même à distance, comme celui de ramener les morts à la vie.
Ils avaient vu un saint prophète dont les enseignements semaient un tel émoi au sein de l’élite religieuse de la nation, que celle-ci multipliait les questions pleines d’embûches à son endroit, afin de le discréditer auprès du peuple. Conscient de ces manœuvres, l’homme de Dieu dénonçait publiquement l’hypocrisie de ses détracteurs, appelant le malheur sur eux et les traitant de sépulcres blanchis, beaux au dehors mais remplis d’impuretés au dedans, se pavanant orgueilleusement avec un extérieur de justes, mais remplis d’hypocrisie et d’iniquité à l’intérieur.
De même, Pierre et Jean avaient vu cet homme hors du commun, lors d’un sermon sur une montagne de la Galilée, donner du titre de bienheureux aux pauvres en esprit, ces hommes humbles et modestes dépouillés en eux-mêmes qui forment le sel de la terre, affirmant que le Royaume des cieux leur appartenait. Aux doux, aux artisans de la non-violence et de la paix, il leur donnait également ce qualificatif de bienheureux, prophétisant que ces hommes de concorde auraient la terre en partage. Aux affligés, à ceux qui n’éprouvent que compassion et solidarité pour leurs semblables plongés dans la détresse, il déclarait qu’ils seraient consolés. À ceux qui ont faim et soif de justice, ces affamés de droiture et d’équité pour qui le combat pour la justice est l’expression de la probité divine en eux, il annonçait encore qu’ils seraient rassasiés. Aux miséricordieux, ces hommes pleins de miséricorde et de pardon pour les offenses des autres parce que conscients eux-mêmes de leur propre indignité, il leur disait de se réjouir, d’être dans l’allégresse, parce qu’ils obtiendraient miséricorde. Aux cœurs purs, ces justes dont le cœur est une source d’eau limpide et de consolation pour les autres, il proclamait haut et fort qu’ils verraient Dieu. Aux artisans de paix, ces êtres fraternels engagés dans la lutte pour la réconciliation entre les hommes, il affirmait qu’ils seraient appelés fils de Dieu. Et aux persécutés pour la justice, ces agneaux parmi les loups ne craignant pas d’être battus, tyrannisés et séquestrés comme prix de leur défense des opprimés de ce monde, il déclarait encore solennellement que le Royaume des cieux était à eux.
Tel était l’homme dont Pierre et Jean se disaient incapables de taire ce qu’ils avaient vu et entendu de lui. Un homme qui leur avait remis les clefs de son Royaume avant de quitter ce monde : « À vous il est donné de connaître le mystère du Royaume des cieux, mais à eux, cela n’est pas donné. Celui qui a, il lui sera donné, et il aura en surabondance, mais celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera ôté. C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce que voyants, ils ne voient pas, entendant ils n’entendent pas ni ne comprennent. » […] « Pour vous, heureux vos yeux, parce qu’ils voient, et vos oreilles parce qu’elles entendent. Car je vous le dis, beaucoup de prophètes et de justes ont désiré voir ce que vous voyez et ils ne l’ont pas vu, entendre ce que vous entendez et ils ne l’ont pas entendu. » (Mat. Chap. 13, vers. 10-17)    

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